Anti-Chamberlain : considérations d'un linguiste sur les Essais de guerre de Houston Steward Chamberlain et l'évaluation de la langue en général
Anti-Chamberlain : considérations d'un linguiste sur les Essais de guerre de Houston Steward Chamberlain et l'évaluation de la langue en général
« Pendant la Grande Guerre, contre un essayiste brillant, gendre de Richard Wagner et conférencier à la mode, que peut un jeune docteur en linguistique ?
Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) s'est fait connaître par la publication en 1897 de Die Grundlagen des 19. Jahrhunderts, grand succès de librairie, traduit en français en 1913 sous le titre La Genèse du dix-neuvième siècle, qui met en scène l'avènement des Germains dans l'Europe moderne. Dans ses écrits de guerre, il opposera la vigueur de la langue allemande à l'anémie du français, instillant une idéologie raciste en linguistique.
Léo Spitzer (1887-1960) entreprend de réfuter les arguments de Chamberlain et, plus généralement, des nationalistes en matière de langue. Non, la capacité de l'allemand à créer des mots composés n'implique pas nécessairement une supériorité dans l'“expressivité” : non, l'absence en gothique d'un mot équivalent à Satan ne signifie pas nécessairement l'heureuse innocence des anciens Germains ; non, les nasales de la langue française ne sont pas spécialement disgracieuses, etc.
L'Anti-Chamberlain (1918) dévoile les soubassements d'un nationalisme linguistique dont Spitzer, dans Fremdwörterhatz und Fremdvölkerhass (Traque des mois étrangers, haine des peuples étrangers), attaquait la même année une autre forme : le purisme linguistique. L'Allemagne défaite, l'Empire austro-hongrois démantelé, Houston Stewart Chamberlain devient un des maîtres à penser de Hitler et du national-socialisme, tandis que le Juif Léo Spitzer quitte Vienne, puis l'Europe. La traduction d'Anti-Chamberlain par Jean-Jacques Briu et sa présentation par Agnès Steuckardt, après Traque des mots étrangers, haine des peuples étrangers (Limoges, Lambert Lucas, 2013), font découvrir les enjeux idéologiques du combat livré par le jeune linguiste. »
[présentation de l'éditeur]
Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) s'est fait connaître par la publication en 1897 de Die Grundlagen des 19. Jahrhunderts, grand succès de librairie, traduit en français en 1913 sous le titre La Genèse du dix-neuvième siècle, qui met en scène l'avènement des Germains dans l'Europe moderne. Dans ses écrits de guerre, il opposera la vigueur de la langue allemande à l'anémie du français, instillant une idéologie raciste en linguistique.
Léo Spitzer (1887-1960) entreprend de réfuter les arguments de Chamberlain et, plus généralement, des nationalistes en matière de langue. Non, la capacité de l'allemand à créer des mots composés n'implique pas nécessairement une supériorité dans l'“expressivité” : non, l'absence en gothique d'un mot équivalent à Satan ne signifie pas nécessairement l'heureuse innocence des anciens Germains ; non, les nasales de la langue française ne sont pas spécialement disgracieuses, etc.
L'Anti-Chamberlain (1918) dévoile les soubassements d'un nationalisme linguistique dont Spitzer, dans Fremdwörterhatz und Fremdvölkerhass (Traque des mois étrangers, haine des peuples étrangers), attaquait la même année une autre forme : le purisme linguistique. L'Allemagne défaite, l'Empire austro-hongrois démantelé, Houston Stewart Chamberlain devient un des maîtres à penser de Hitler et du national-socialisme, tandis que le Juif Léo Spitzer quitte Vienne, puis l'Europe. La traduction d'Anti-Chamberlain par Jean-Jacques Briu et sa présentation par Agnès Steuckardt, après Traque des mots étrangers, haine des peuples étrangers (Limoges, Lambert Lucas, 2013), font découvrir les enjeux idéologiques du combat livré par le jeune linguiste. »
[présentation de l'éditeur]