L’annonce présidentielle, faite depuis Francfort, de la création d’un « vrai prix de traduction » suscite quelques questions…
On peut se féliciter que dans son discours inaugural à la Foire du livre (dont la France est l’invitée d’honneur cette année), le président Macron ait voulu souligner le rôle essentiel des traducteurs et traductrices, « qui d’un texte à l’autre, ne font pas deux réalités qui s’ignorent mais deux textes qui vont ensuite se répondre dans leur part de semblable et leur irréductible part d’incompréhensibilité, d’intraduisible ». Émaillant ce discours d’exemples choisis dans l’histoire littéraire franco-allemande, cela se gâte un peu quand il entreprend de traduire au présent ces préoccupations et sa reconnaissance en annonçant la création d’un « vrai prix de traduction » sous les auspices du ministère de la Culture, dans le but de « redonner plus de noblesse encore à celles et ceux qui traduisent ».
Que sont donc le Grand Prix de traduction de la SGDL ou le Prix Laure-Bataillon ? De fausses récompenses ? Des mirages ? L’ATLF recense sur son site bien d’autres prix préexistants. On pourrait gloser longtemps sur le sens et le poids de ce « vrai » – préféré à d’autres qualificatifs, « grand » ou « national » – ou s’amuser des glissements possibles : vrai prix de traduction, vraie traduction de prix, traduction vraie du prix. Précisons que ce n’est pas un lapsus, le mot figure dans le discours officiel publié sur le site de l’Élysée. Quant à « redonner plus de noblesse aux traducteurs et traductrices », il existe des dispositifs tout à fait triviaux et pratiques qui se soucient de donner plus de moyens aux traducteurs et éditeurs (cf. dans le domaine franco-allemand les aides à la traduction dispensées par le Goethe Institut).
L’annonce présidentielle fait donc grincer quelques dents, à l’heure où le gouvernement français n’a pas encore prévu de mesure compensatoire de la hausse de la CSG pour les artistes-auteurs, à l’heure aussi où les tarifs constatés (prix du feuillet traduit) stagnent depuis des années, quand ils ne régressent pas (cf. les enquêtes annuelles sur la rémunération de l’ATLF).
Le site ActuaLitté s’est fait notamment l’écho d’une tribune de Claro sur son blog (Le clavier cannibale) qui plaide pour l'équité plutôt que la compétition et imagine des mesures visant à donner vraiment de la « valeur » au traducteur/à la traductrice et favoriser sa reconnaissance comme auteur-e à part entière. Une position qu’il résume ainsi : « non pas un Prix de la traduction, mais des traductions estimées à leur juste prix ».
Espérons alors que ce futur Prix soit la manifestation publique et éclatante d’une réelle préoccupation et entraine dans son sillage médiatique d’autres actions, peut-être plus discrètes mais techniques et pragmatiques, visant à améliorer la condition des traducteurs, dans l’exercice quotidien de leur si beau métier…
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Photo : Foire du livre de Francfort 2017 © JM Robert
Que sont donc le Grand Prix de traduction de la SGDL ou le Prix Laure-Bataillon ? De fausses récompenses ? Des mirages ? L’ATLF recense sur son site bien d’autres prix préexistants. On pourrait gloser longtemps sur le sens et le poids de ce « vrai » – préféré à d’autres qualificatifs, « grand » ou « national » – ou s’amuser des glissements possibles : vrai prix de traduction, vraie traduction de prix, traduction vraie du prix. Précisons que ce n’est pas un lapsus, le mot figure dans le discours officiel publié sur le site de l’Élysée. Quant à « redonner plus de noblesse aux traducteurs et traductrices », il existe des dispositifs tout à fait triviaux et pratiques qui se soucient de donner plus de moyens aux traducteurs et éditeurs (cf. dans le domaine franco-allemand les aides à la traduction dispensées par le Goethe Institut).
L’annonce présidentielle fait donc grincer quelques dents, à l’heure où le gouvernement français n’a pas encore prévu de mesure compensatoire de la hausse de la CSG pour les artistes-auteurs, à l’heure aussi où les tarifs constatés (prix du feuillet traduit) stagnent depuis des années, quand ils ne régressent pas (cf. les enquêtes annuelles sur la rémunération de l’ATLF).
Le site ActuaLitté s’est fait notamment l’écho d’une tribune de Claro sur son blog (Le clavier cannibale) qui plaide pour l'équité plutôt que la compétition et imagine des mesures visant à donner vraiment de la « valeur » au traducteur/à la traductrice et favoriser sa reconnaissance comme auteur-e à part entière. Une position qu’il résume ainsi : « non pas un Prix de la traduction, mais des traductions estimées à leur juste prix ».
Espérons alors que ce futur Prix soit la manifestation publique et éclatante d’une réelle préoccupation et entraine dans son sillage médiatique d’autres actions, peut-être plus discrètes mais techniques et pragmatiques, visant à améliorer la condition des traducteurs, dans l’exercice quotidien de leur si beau métier…
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Photo : Foire du livre de Francfort 2017 © JM Robert